Afrique Centrale (CEEAC - Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale)

Présentation de la CEEAC


I. Historique
La Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), créée en octobre 1983 et son Secrétariat Général mis en place en janvier 1985, compte actuellement 11 États membres à savoir l’Angola, le Burundi, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la RD Congo, le Rwanda, Sao Tome & Principe et le Tchad. Elle a une superficie de 6 640 600 Km² pour une population estimée à 130 millions d’habitants.
II. Missions
Les missions de la CEEAC sont définies au chapitre II article 4 du Traité qui stipule que le but de la «Communauté est de promouvoir et de renforcer une coopération harmonieuse et un développement équilibré et auto-entretenu dans les domaines de l’activité économique et sociale, en particulier dans les domaines de l’industrie, des transports et communication, de l’énergie, de l’agriculture, des ressources naturelles, du commerce, des douanes, des questions monétaires et financières, des ressources humaines, du tourisme, de l’enseignement, du perfectionnement, de la culture, de la science et de la technologie et du mouvement des personnes en vue de réaliser l’autonomie collective, d’élever le niveau de vie des populations, d’accroître et de maintenir la stabilité économique, de renforcer les étroites relations pacifiques entre les Etats membres, et de contribuer au progrès et au développement du continent africain».
Du fait des troubles sociopolitiques et des conflits armés dans la majorité des États membres, la CEEAC a connu une période d’inactivité de 1992 à 1998. Aussi, la rupture de la paix dans la majorité des Etats membres et ses conséquences justifient-elles la place prépondérante que prennent les questions de paix et de stabilité dans le « Programme de relance et de redynamisation » adopté par les Chefs d‘Etat et de Gouvernement en juin 1999 à Malabo, après la décision de réactiver la CEEAC prise en février 1998 à Libreville. A ce programme prioritaire, il convient également d’ajouter le développement de l’intégration physique, économique et monétaire.

La relance s’est appuyée sur une volonté politique nouvelle de faire de la CEEAC un véritable pilier de coopération sous-régionale en Afrique Centrale, en conformité avec les axes et objectifs définis par l’Union Africaine. Pour être efficace, la démarche s’est voulue graduelle.
Dans la perspective de relever les défis de l’intégration, les pays membres de la CEEAC ont adopté dès 2007 un plan stratégique d’intégration, et une vision à l’horizon 2025, de faire de la région un espace de paix, de solidarité, de développement équilibré et de libre circulation des personnes, des biens et des services.
Pour la réalisation de cette vision, la Conférence des Chefs d’États et de Gouvernement de la communauté a donc décidé pour la période allant jusqu’en 2015, de retenir trois axes suivants auxquels devront se concentrer les activités de la Communauté. Il s’agit de :
1. Paix, sécurité et stabilité, notamment le fonctionnement du Conseil de paix et de sécurité en Afrique centrale (COPAX) ;
2. Infrastructures, comprenant les Transports, l’Énergie, l’Eau, les Technologies de l’Information et de la Communication.
3. L’Environnement, incluant la gestion des écosystèmes du Bassin du Congo.
Ces trois axes sont complétés par (i) la consolidation de l’union douanière et (ii) la mise en œuvre de la Politique Agricole commune.
III. Les Instances dirigeantes
Les Institutions de la CEEAC sont les suivantes:
la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement,
le Conseil des Ministres ;
la Cour de Justice (non encore opérationnelle);
le Secrétariat Général, organe exécutif de la Communauté;
la Commission consultative ;
les Comités techniques spécialisés.
IV. Superficie, Population et Economie
Avec une population estimée en 2013 à près de 145 millions d’habitants et répartie sur 6.640.490 Km2, la région est favorable pour les investissements et le développement des affaires. Depuis plus d’une décennie, l’activité économique de la région est parmi les plus dynamiques du continent, avec une croissance moyenne
autour de 5% sur les cinq dernières années. Une performance certes imputable à l’envolée des prix des produits de base, mais aussi à la stabilité macroéconomique
et la mise en œuvre de bonnes politiques qui ont contribué à soutenir la croissance. Avec près de $ 120 milliards d’exportation en 2013, la région CEEAC représente en moyenne près de 20% des exportations africaines. L’exportation des hydrocarbures représente 41% du PIB et domine l’économie de la région, suivie de près par l’activité forestière et les industries minières extractives, et enfin par des agro-industries centrées autour de la transformation du coton, café et cacao, caoutchouc.
Pour consolider ces acquis et s’engager vers la transformation structurelle des économies, la région regorge de nombreux atouts notamment :
Sa position charnière et stratégique au centre de l’Afrique pourrait en faire une zone privilégiée d’échanges commerciaux entre les régions du continent.
Les ressources importantes notamment pétrolières, minérales et minières (diamant, cuivre, fer, manganèse, cobalt, etc.) dont certaines dont certaines sont des gisements de classe mondiale. Les réserves pétrolières prouvées pour la région sont estimées à 31,3 milliards de barils, soit 28% des réserves totales du continent.
Un important potentiel agricole, forestier et hydraulique. Le Bassin du Congo estimé à 227 millions d’hectares, abrite la seconde réserve forestière et hydraulique mondiale. Il est de ce fait un des poumons de la planète.
La richesse de son écosystème : environ 26.355 m3 d’eau par habitant et par an, 27 millions d’hectares de terres arables, 135 millions d’hectares de pâturages et quatre zones écologiques favorables au développement de l’agriculture et des activités pastorales.
Enfin, un potentiel hydro-électrique relativement important, soit 60% du potentiel du continent africain.
V. PRINCIPALES RÉALISATIONS
Avec le concours de ses partenaires au développement, la CEEAC s’investit dans des programmes qui doivent concourir à accélérer l’intégration régionale en Afrique
centrale et l’atteinte des objectifs affichés par la vision 2025. Tout particulièrement :
Dans le domaine de paix et de sécurité : la stabilité politique s’améliore dans la région tout en demeurant fragile.
Pour garantir cette stabilité, les États ont créé en février 2000, le Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX). Les résultats obtenus depuis 2004, sont appréciables, notamment avec le renforcement des capacités de la Force multinationale de l’Afrique centrale (FOMAC) et du Mécanisme d’Alerte rapide de l’Afrique centrale (MARAC).
Dans le domaine des transports : la stratégie de la région porte sur le Plan de Développement Consensuel des Transport en Afrique Centrale (PDCT-AC) qui inclut 14 projets prioritaires incluant toutes les infrastructures de transport qui soutiennent le commerce international des États de la région (principaux ports, aéroports internationaux, chemins de fer, réseaux fluvial et lacustre).
Dans ce cadre, des facilitations de transport routier ont été lancées et leurs réalisations combleront les chaînons importants manquants des grands corridors transafricains Ouest-Est (Lagos-Mombasa) et Nord-Sud (Tripoli-Cape Town).
Dans le domaine des infrastructures énergétiques : les activités de la CEAC visent à développer et consolider un marché énergétique régional, piloté par le Pool énergétique d’Afrique centrale (PEAC), reconnu comme cadre institutionnel approprié pour stimuler la coopération régionale et concrétiser l’engagement politique des pays membres à œuvrer ensemble pour exploiter les énormes potentialités énergétiques de la région. Les études sont en cours, en vue de la réalisation des interconnexions électriques entre les pays de la région et avec le reste de l’Afrique, notamment, à partir du barrage d’Inga (RDC), facteur majeur d’intégration entre les grandes régions d’Afrique.
Par ailleurs et afin de mieux valoriser les ressources en eau de la région, une politique régionale de l’eau a été adoptée en 2009. Le but poursuivi étant de doter l’Afrique centrale d’un cadre prospectif de gestion de ses ressources en eau en y intégrant les orientations pertinentes de la Conférence de la Haye.
En ce qui concerne l’environnement : le programme de travail spécifique de la CEEAC poursuit l’objectif global de valoriser les ressources naturelles pour augmenter leur contribution à l’économie de nos États et améliorer la prise de décision par l’observation des écosystèmes et des changements climatiques. A vocation mondiale et continentale du fait de l’importance du Bassin du Congo, la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC) est le principal organisme chargé de la conservation et de la gestion durable des écosystèmes forestiers et de savanes de ce bassin.
Par ailleurs, un processus de court terme pour l’intégration de la prévention des catastrophes et de l’adaptation aux changements climatiques dans les politiques, les programmes et les projets nationaux et régionaux, est engagé et mis en œuvre au niveau de la CEEAC.
Dans le domaine du commerce, axe principal sur lequel est basée la stratégie d’intégration de la Communauté, les activités s’articulent autour de l’objectif majeur de parvenir à la création d’un marché commun régional et, à terme, en coordination avec les autres régions, la création du grand marché commun africain. La zone de libre échange (ZLE) est effective depuis 2004 ; elle devrait aboutir à une Union douanière (UD) et un tarif extérieur commun (TEC).
D’autres travaux d’uniformisation des franchises exceptionnelles accordées dans le cadre de certains régimes spéciaux (codes miniers, forestiers et pétroliers, etc.) seront engagés, en vue d’aboutir à un vaste marché commun régional.
Dans le domaine de l’Agriculture et de la sécurité alimentaire, des actions stratégiques ont été amorcées en ce qui concerne (i) l’élaboration et l’adoption d’un Programme régional de sécurité alimentaire pour l’Afrique centrale (PRSA-AC) ; (ii) l’élaboration de la Politique Agricole Commune (PAC-CEEAC) ; (iii) la mise en place du Fonds Spécial Régional de Développement Agricole (FSRDA) pour faciliter l’accès des petits exploitants agricoles aux intrants, aux matériels agricoles, aux petites unités de transformation et de stockage. (iv) l’élaboration de la Réglementation phytosanitaire commune.
VI. Principaux défis
Nonobstant ces efforts, il y’a lieu de relever que de nombreux défis sont encore à relever pour atteindre un niveau appréciable d’intégration régionale en Afrique centrale.
Au plan politique, l’entente et le rapprochement entre les pays, conformément à l’esprit de l’Union africaine, représentent le plus grand défi à l’intégration régionale en
Afrique ; La région est constituée d’États fragiles, de pays enclavés, de pays forestiers. Cette configuration donne toute sa signification au processus d’intégration régionale en Afrique centrale. La densification des infrastructures de base, l’amélioration des interconnexions des réseaux nationaux de transport entre les pays d’Afrique centrale, le relèvement des niveaux de consommation électrique par habitant (actuellement de 12,5 kWh contre 17,3 pour le continent), l’amélioration de l’accès aux TIC (pour 1000 habitants on dénombre 10,2 lignes d’accès à l’internet, 21,6 lignes téléphoniques mobiles et 3,6 lignes téléphoniques fixes contre 61,8, 37,6 et 32,4 respectivement pour le continent) sont des défis majeurs que la région ambitionne de relever pour favoriser l’émergence d’un secteur privé dynamique et compétitif.
En matière de commerce et d’intégration, les activités prioritaires à mettre en oeuvre portent, notamment, sur l’application effective d’un certain nombre de décisions, notamment : (i) protocole sur la libre circulation et le droit d’établissement des ressortissants des pays de la CEEAC, (ii) facilitation des procédures douanières, (iii) mise en place du mécanisme compensatoire, (iv) adoption d’un TEC commun CEMAC/CEEAC, (v) élimination des barrières tarifaires et non tarifaires, (vii) adoption des politiques agricole et industrielle.
D’une manière générale, la CEEAC entend renforcer les capacités de toutes les parties prenantes pour le développement des échanges commerciaux intra et interrégionaux. La stratégie pour y arriver est axée sur les quatre piliers suivants :
o Participer à un réseau panafricain à créer pour améliorer la coopération et la cohérence dans le développement des échanges commerciaux interrégionaux;
o Transformer le Secrétariat Général en un moteur du développement et de la promotion des échanges commerciaux intra et interrégionaux ;
o Rendre proactifs les réseaux régionaux d’appui au commerce, dans le dialogue d’orientation, l’appui et la promotion coordonnée des échanges commerciaux;
o Renforcer la compétitivité à l’exportation des entreprises des secteurs porteurs.

Désiré Ndemazagoa
Responsable Secteurs Eau et Energie
Email : dndemazagoa@yahoo.fr



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